Galère, galère... [libre]

Laureleen n'était pas du genre à traîner dans les couloirs. Elle avait ses lieux de prédilections comme le parc de l'école ou la salle commune de Serpentard, peut-être aussi la bibliothèque... Par contre, elle ne s'attardait pas dans les couloirs, pas son genre. Elle évitait de se faire remarquer, question d'habitude. Seuls quelques Serpentards avaient le "privilège" d'avoir pénétré la méfiance quasi naturelle de leur préfète et de pouvoir prétendre être ses amis.

Pourtant, les quelques amis qu'elle avait ignoraient encore pas mal de choses de Laureleen. Ce n'était pas le genre de fille à parler de ses sentiments et de sa famille, son passé. Sa famille... Un sujet sur lequel elle restait vague et qu'elle préférait éviter. Quand on lui posait des questions là-dessus, elle faisait plus des allusions que d'en parler vraiment et n'avait jamais raconté les véritables circonstances de la mort de sa mère. Généralement, elle faisait tout pour changer rapidement de sujet de conversation.

Parler de ses parents reviendrait à révéler le lourd secret qu'elle portait depuis l'âge de neuf ans : elle avait été mordue par un loup-garou. La lycanthropie était un véritable problème, et pas seulement les nuits de pleine lune.

La première pleine lune de ce mois était pour ce soir et Laureleen était régulièrement sujette à des sensations de froid - elle frissonnait souvent - et à une certaine pâleur. Elle ignorait si les autres l'avaient remarqué mais la jeune fille n'avait jamais cherché à savoir. Malgré tout, elle était plutôt du genre solitaire, et ce depuis la mort de sa mère et sa morsure, dont elle gardait une cicatrice bien visible sur l'avant-bras gauche.

* Comme la Marque des Ténèbres chez les Mangemorts * se disait-elle souvent.

En cette fin d'après-midi, les cours venaient de se teminer, les élèves affuaient dans les couloirs de l'école. Comme à son habitude, Laureleen était la dernière à sortir de la classe. Comme à son habitude, lorsque la pleine lune était proche, elle évitait de se confronter à ses camarades de Serpentard. Elle avait réfléchit toute la journée, la tête prise de maux limite supportables, à une ruse pour éviter les questions lorsqu'elle quitterait la salle commune un peu avant le repas du soir afin de rejoindre la Cabane Hurlante.

C'était comme ça trois fois par mois depuis cinq ans déjà. Laureleen était fatiguée et ses pieds la guidaient par eux-mêmes, ils semblaient connaître exactement le chemin de la salle commune de Serpentard. La jeune fille n'avait pas ouvert la bouche de la journée, restant dans son coin pour éviter le contact avec les autres. De tous les Serpentards, elle était sans doute la plus discrète, malgré l'insigne de préfète brillant sur sa poitriine. Laureleen n'était pas associale, bien qu'on le pense comme tel. La Serpentard ne voulait pas créer des liens d'amitié trop forts, pour éviter de souffrir après. Elle s'imaginait tout le temps qu'on la laisserait tomber si jamais on découvrait son secret et c'était sûrment vrai. Les à-priori et la crainte qu'inspiraient les loups-garous étaient profondément ancrés dans les gènes de chaque sorcier de ce monde et les gens comme Laureleen vivaient un véritable calvaire et s'isolaient de plus en plus. C'était le triste destin de leur "espèce".

Les couloirs se vidaient de plus en plus en Laureleen ne faisait pas du tout attention à l'endroit où elle se trouvait. Elle se rendit bientôt compte qu'elle marchait dans un couloir désert, un couloir qu'elle n'empruntait pas pour descendre aux cachots. Elle ne se sentait pas bien du tout et elle fut forcée de s'assoeir sur la pierre froide du sol.

Prise de nausées et de vertiges violents, elle serrait les dents pour ne pas vomir. La respiration rapide et précipitée, elle était à la limite du malaise et luttait pour ne pas perdre connaissance.
Laureleen n'avait jamais compris pourquoi l'approche imminente de la pleine lune la mettait dans um tel état. Parce qu'elle était trop sensible, à cause du choc de la disparition de sa mère dont elle ne s'était jamais vraiment remise ? Qui sait, les symptômes de la lycanthropie avant une transformation pouvaient varier selon chauque spécimen et ils n'étaient pas vraiment connus.

Seule dans ce couloir, Laureleen n'allait pas tarder à céder à une crise de panique. Pourtant, elle crut bientôt entendre des bruits de pas mais il s'agissait peut-être de son imagination.

Laureleen reprenait peu à peu une respiration normale mais elle se sentait toujours glacée. Elle cevait sortir mais elle ne se sentait pas la force de se lever et de marcher.

- Je suis Morgance McNamara, de Serdaigle. Je suis seule, il n'y a que Shannon, ma louve avec moi...

- Une louve ? s'étonna Laureleen.

C'était la première fois qu'elle rencontrait quelqu'un qui avait une louve pour animal de compagnie. Elle reconnut alors le jappement propre aux loups. Soudain, une vive lumière éclaira le couloir, et Laureleen put enfin voir son interlocutrice : une jeune file de son âge aux cheveux noirs.

- Qui es-tu? Qu'est-ce qu'il t'arrive? Tu n'as pas l'air bien ?

- Je... je suis Laureleen Peters, et... il faut que je... sorte... je dois aller dans le parc, bégaya-t-elle, sans trop savoir quoi dire.

Il n'y avait pas de fenêtres elle ne pouvait pas dire si la nuit était déjà tombée. Si elle ne se transformait pas dans la Cabane Hurlante, elle allait se faire sérieusement se faire enguirlander par Rogue et Dumdledore s'il se passait quoi que ce soit. Laureleen était toujours coincée. Elle ne pouvait pas parler de son problème mais d'un autre côté, elle en avait assez de toujours devoir mentir aux gens. Il fallait bien qu'elle apprenne un jour à faire confiance aux autres et à accepter ce qu'elle était.

La jeune fille remarqua que la louve, Shannon, s'était approchée d'elle comme si elle avait senti, compris ce qu'elle était vraiment.

- Tu sais si... si la nuit est déjà tombée ? demanda la Serpentard en essayant de se relever.

Ses yeux brillaient, presque implorants.

Morgance, très surprise, autant par le comportement de Shannon que par celui de la jeune Serpentard, les regarda avec une certaine méfiance.

- Je... je suis Laureleen Peters, et... il faut que je... sorte... je dois aller dans le parc...

Morgance la regarda comme si elle était folle.

- Mais... On ne peut pas sortir après le couvre feu...

Après un moment de silence, Laureleen demanda:

- Tu sais si... si la nuit est déjà tombée ?

Elle a vraiment des questions bizarres...

Mais devant les yeux implorant de la jeune fille, elle se dépêcha de répondre.

- Non, mais d'ici deux-trois minutes, oui...

Devant l'air paniqué de Laureleen, Morgance ne sut que faire. Voyant ça, la louve s'approcha d'elle et lui mordit la main, juste assez fort pour lui faire mal.

- AIE! Qu'est-ce qui te prends, Shann's?

Intriguée, elle regarda son amie courir à la fenêtre la plus proche. Une son devant, elle s'assit et tendit le coup pour hurler.

*Elle hurle à la mort... Non, à la pleine lune!*

Pendant qu'elle faisait ses constatations, elle ne remarqua pas que sous les effet conjugés de la douleur, à cause de sa main, puis de la surprise, ses chaeveux étaient devenus argentés et sensiblement plus longs. Mais la chose n'avait pas du passer inarperçue aux yeux d'une spectatrice.

*Mais oui! Si elle veut sortir, savoir si la nuit est déjà tombé et panique... Et Shannon qui semble la comprendre...*

- Tu es une lycantrope?

Sans attendre de réponse, elle continua.

- Tu as pris de la potion Tue-Loup? Tu veux aller à la cabane hurlante?

Morgance commençait à comprendre la panique de la jeune fille.

Laureleen savait pertinement que son comportement suscitait la méfiance et la moquerie des autres, ce qui l'avait forcée à ne pas se dévoiler et à éviter de faire trop rapidement confiance aux gens qu'elle rencontrait.

Pourtant, la louve, elle, avait compris la panique de la Serpentard et tentait de l'expliquer à sa maîtresse. Cette dernière devait, à son expression, trouver que laureleen était complètement cinglée, mais heureusement, elle changea très vite.

Sa louve courut à la fenêtre la plus proche et se mit à hurler. Alors, très rapidement, Laureleen remarqua que les cheveux de la Serdaigle prirent une couleur argentée.

- Comment tu...

Laureleen ne termina pas sa phrase. La Serdaigle parut avoir compris et demanda avant de laisser finir la Serpentard :

- Tu es une lycantrope ?

Laureleen hocha positivement la tête, tout à coup terrifiée par la réaction possible de son interlocutrice. Elle serait la seule élève à savoir et si jamais elle le répétait, toute l'école serait au courant et ce serait terminé pour Laureleen.

- Tu as pris de la potion Tue-Loup ? Tu veux aller à la cabane hurlante ?

Laureleen, à présent debout mais n'osant pas trop s'approcher de Morgance, jeta un regard sur la fenêtre par laquelle elle voyait la nuit arriver.

- Je n'ai pas pu la prendre, ce soir... je...

Sa voix s'éteignit dans sa gorge. Elle venait de ressentir les premiers picotements annonçant sa transformation. Ils étaient encore très légers, très doux mais la Serpentard devait être dehors le plus rapidement possible. Sans la potion Tue-Loup, la transformation serait très douloureuse.

Laureleen était reconnaissante envers Morgance. Elle voyait qu'elle s'inquiétait mais elle ne pouvait pas la faire sortir avec elle dans le parc même si ça la rassurerait d'avoir une présence auprès d'elle. Si Laureleen la mordait, elle serait renvoyée de l'école le lendemain à la première heure.

- Écoute, c'est vraiment gentil de t'inquiéter mais c'est trop risqué, je vais y aller seule... je ne veux pas prendre le risque de...

Laureleen avait de plus en plus l'impression de se contredire. Son ton demandait exactement le contraire de ce qu'elle venait de dire.

Laureleen savait que la nuit allait bientôt tomber et elle avait au fond d'elle un sentiment sourd d'urgence. Elle perdait peu à peu ses moyens et sa capicité d'action. Comment ferait-elle pour descendre deux étages et aller dans le parc ? Elle n'aurait jamais le temps.

La Serpentard fut extrêmement surprise de voir Morgance, en pleine réflexion et dont les cheveux avaient pris une couleur d'argent pur, se précipiter vers la fenêtre, l'ouvrir et brandir sa baguette magique :

- ACCIO !

Laureleen la regadait faire, un peu perplexe.

- Qu'est-ce que tu...

Morgance se toura vers elle et expliqua son idée :

- Si tout va bien, mon balai va arriver... Et on ira dans le parc ! Je pense pouvoir t'y amener en moins de 2 minutes, par les airs !

La préfète resta tout d'abord sans voix. Morgance était sans doute la première personne à réagir ainsi au problème de Laureleen, alors qu'elle y était mêlée sans le vouloir. Laureleen éprouvait une grande reconnissance nuancée de culpabilité, elle n'aimait pas vraiment mêler les gens à ses histoires, vu qu'ils risquaient leur vie.

- C'est vraiment gentil à toi de m'aider, Morgance, remercia-t-elle avec l'ombre d'un sourire, bien que la situation ne l'y prêtait pas vraiment. Par contre... Lorsqu'on sera dans le parc, il vaut mieux que tu ne restes pas, je m'en voudrais trop si je te mordais ou pire, si je te tuais...

Par la fenêtre ouverte, Laureleen perçut alors un bruit familier : le sifflement d'un balai volant dans le ciel. Effectivement, le balai de Morgance arriva vers la fenêtre du deuxième étage et s'immobilisa ensuite vers sa possesseuse, à mi-hauteur, pour qu'elle puisse l'enfourcher.

Laureleen regarda Morgance, la questionnant de ses yeux gris. Il fallait faire au plus vite et la Serpentard enfourcha elle aussi le balai, derrière la Serdaigle, qui décolla ensuite...

Laureleen était plus que reconnaissante envers Morgance. Elle l'avait aidée et ça, la Serpentard ne l'oublierai jamais. C'était bien la première personne qui l'avait aidée et qui souhaitait la soutenir pendant sa transformation. Morgance se posa sur le sol et Laureleen descendit du balai.

La pleine lune brillait dans la nuit noire sans nuages et elle enchaîna déjà Laureleen de ses rayons durs et froids. Le souffle court, la jeune fille faisait de son mieux pour repousser la transformation et écouter ce que lui disait la Serdaigle. Cette dernière parla de rester avec près d'elle, sur son balai... Laureleen comprit aussi "Rusard", "Ombrage", et "te ramener à ta salle commune". Elle ne retiendrait pas longtemps le hurlement qui naissait dans sa gorge... Et en plus, la Serpentard n'avait pas pris sa potion...

Laureleen vit briller l'insigne de la Brigade Inquisitoriale sur la robe de Morgance. Elle devint plus méfiante car Morgance pouvait véritablement la dénoncer à Ombrage, mais à son sourire confiant et après ce qu'elle avait fait pour elle, Laureleen comprit bien qu'elle ne le ferait pas.

- J'ai une dette envers toi, maintenant, dit-elle à Morgance d'une voix précipitée. Je te revaudrai ça... Tu pourras me demander n'importe quoi, je le ferai, juré...

Laureleen tomba à genoux sur l'herbe glacée. L'astre noyait la noyait sous sa lumière blanche et froide. La transformation venait peu à peu comme si la lune s'amusait avec Laureleen en la voyant subir un calvaire à chaque transformation... Tout son corps la picotait furieusement et elle avait terriblement froid. Son souffle s'était accéléré, comme si elle avait courut à toute vitesse pendant des heures sans jamais s'arrêter.

Tentant de parler une dernière fois, la jeune fille pliée en deux, leva les yeux vers Morgance.

- Rusard ne ... me posera aucun... problème, articula-t-elle. Il sait que... je suis un loup-garou... et il sait que je dois... sortir les soirs de lune... Mais pour toi... je ne sais pas... peut-être qu'il ne... Je me débrouillerai pour rentrer...

Laureleen ne pouvait en dire plus, sa métamorphose allait commencer pour de bon. Elle se sentit planer, fondre... Et en même temps, elle avait terriblement mal. La Serpentard, la poitrine en feu, lâcha le hurlement bestial qu'elle ne pouvait plus contenir, et il résonna dans la nuit, faisant frémir d'horreur toutes les créatures de la forêt interdite.

- Envo... le...toi, gronda-t-elle.

Le feu glacé qui brûlait à l'intérieur de ses os s'embrasa tout d'un coup. Le visage si beau de Laureleen s'allongea en une gueule de loup monstrueuse, dont les gencives étaient bardée de crocs blancs fabuleux. Sa peau se recouvrit de poils bruns tirant sur le noir, ses ongles devinrent des griffes meurtrières et ses bras et ses jambes devinrent des pattes robustes, quoique fines. La vision en couleurs de la Serpentard devint un monde en noir et blanc.

Fort, musculeux et puissant, le nouveau corps de Laureleen était taillé sur mesure pour la vitesse, la chasse... et le meurtre.

Une odeur de terre et d'humus emplit alors les narines de loup de Laureleen. La forêt interdite était toute à elle, ce dont elle n'avait jamais eu le droit depuis son arrivée à Poudlard.

C'est alors qu'elle flaira un parfum léger mais puissant, qui lui faisait l'effet d'un pic à glace planté dans la truffe. C'était celui d'humain, celui de Morgance ! En temps normal, Laureleen aurait essayé de l'attaquer, par instinct. Quand on est loup-garou, le parfum des hommes - propre à chaque individu - se ressemblaient tout de même et le lycanthrope ne cherche pas à reconnaître la personne qui est près de lui. Il attaquerait son meilleur ami s'ils se retrouvaient nez à nez !

Pourtant, Laureleen n'eut aucun désir de tuer Morgance. Le parfum des hommes en disent plus long sur eux que des mots. Et la jeune lycanthrope sut que la personne qui était avec elle était son alliée et qu'elle avait quelque chose de spécial, qui la différenciait des autres et qui méritait son respect. Jamais une chose pareille ne lui était encore jamais arrivée. Morgance avit un truc spécial, comme si elle était elle-même un peu loup...

Alors Laureleen agita ses oreilles et leva sa tête de loup vers Morgance qui était sur son balai et l'observa un court instant, avant de lancer un hurlement presque joyeux. À présent, la forêt interdite était à elle...


[HJ : Hem, on finit comment le sujet ?]

[HJ : Bonne question ^^]

Morgance la regarda courir en direction de la foret Interdite. Elle prit un peu de hauteur et suivit le loup-garou.

Elle avait bien vu la réaction de Laureleen, enfin, plutôt celle du lycanthrope. A aucun moment, elle n'avait cherché à l'attaquer. Son intuition était donc bonne. Son père lui avait transmis des gènes de la lycanthropie dont, entre autre celui d'être reconnu par les loups-garou. Mais il y avait aussi cet instinct animal qu'elle avait de plus en plus de mal à faire taire. Surtout quant elle était énervée. Cette nature la poussait à attaquer, déchirer, tuer... Morgance en était effrayée. Il y avait aussi ses cheveux argentés. Un observateur attentif aurait remarqué la similitude entre le poil de Shannon et les cheveux de la jeune métamorphomage.

Elle se concentra sur Laureleen, histoire de ne pas la perdre dans la foret. Sinon, Morgance ne voyait pas comment la jeune fille pourrait rentrer au château si elle était perdue en pleine forêt, où elle n'aurait surtout pas dû se trouver...

* En prime, entraînement de Quidditch nocturne! Merci Laureleen! *

Sans un bruit, elle filait entre les arbres gigantesques, apercevant, au détour d'une clairière une licorne ou des centaures, chassant à la pleine lune.

A ce moment, Morgance se sentait plus libre qu'elle ne l'avait jamais été. Dans son enthousiasme, elle ne se rendit pas compte qu'elle voyait aussi bien qu'en plein jour et que chaque mouvement dans les bois lui apparaissaient. Et aucun témoin ne put voire ses yeux jaunes percer la nuit, prédateurs.

Le sang de Laureleen avait toujours répondu au besoin de courir et de liberté que lui lançait sa Soeur la Lune. La terre sous ses coussinets était souple et grasse, un univers entier déferlait dans ses narines par l'air piquant et vif... Oh ! L'humus, l'odur humaine et animale qui régnait autour d'elle... Ses pattes savaient exactement où se poser, comment propulser son corps avec le minimum d'effort, le diriger entre les arbres et les pierres sans faire plus de bruit que des gouttes de pluie sur l'épais tapis de mousse et d'humus de la forêt. Ses pattes et ses muscles capable de la transporter dans une forêt à une vitesse trois fois supérieure à celle du plus rapide des hommes.

C'était la première fois en cinq ans que Laureleen pouvait jouir de sa liberté dans la forêt interdite. Son ouïe percevait le sifflement du balai de Morgance au-dessus de sa tête. Laureleen savait exactement où aller, même si elle s'enfonçait toujours plus dans l'épaisse forêt. Aucun risque qu'elle se perde.

Tout à coup, elle entendit un bruissement dans un petit buisson entre deux arbres. Laureleen s'immobilisa et tendit l'oreille. Une proie était tapie sous ce buisson... Elle sentait clairment l'odeur d'un lapin sauvage. Sans hésiter une seule seconde, elle bondit sur le buisson, dans un grondement terrifiant. Le lapin voulut s'enfuir mais Laureleen l'avait déjà saisit par la peau du ventre. Elle plongea ensuite son museau dans son ventre chaud et frémissant.

Le sang lui donna un méchant coup de fouet. On aurait dit du miel ou le meilleur chocolat du monde. Elle resta un moment à surveiller les alentours et à se lécher les babines, battant du flanc et s'imprégnant de cette saveur étourdissante.

Après cette première bouchée de paradis, Laureleen boulotta le lapin en y plongeant la tête pour mieux le respirer... Il fallait rester vigilante, surveiller l'aube... La jeune fille retrouverait bien son chemin, ayant un bon sens de l'orientation...